« YOUM OU LILA » : Ni trop vulgaire, ni trop soft

Hier après-midi, je suis passé prêt du cinéma Lynx… Fermé depuis le 1er confinement, une épaisse couche de poussière post-apocalyptique avait recouvert le bâtiment.

Une étrange atmosphère de nostalgie m’envahit alors : mes souvenirs m’emmenèrent vers ma première séance cinéma, Casper le petit fantôme, ensuite vers Jurassic Park : Le monde perdu, Star wars (épisode )1… Et beaucoup, beaucoup d’autres films que ma rétine avait enregistré dans les chaises rouges de cet endroit sacré (depuis souillé certainement, par les amoureux en recherche d’obscurité) …

Mais étrangement, le souvenir qui remonta et dura plus que les autres, fut celui d’un film marocain… je vous raconte :

Un après-midi d’hiver 2013, j’ai un rendez-vous avec un ami, et j’arrive à l’avance, beaucoup trop à l’avance… Je me balade un peu et je me retrouve devant le Cinéma Lynx… Le film à l’affiche était « Youm ou Lila »… Je salue le guichetier, véritable cinéphile devant l’éternel, qui été devenu un ami à force de débats, et je m’engouffre dans les noirceurs en attendant, la divine lumière du projecteur.

Je me dirige directement vers les premières place (j’étais déjà marié et j’avais une petite fille à l’époque, et pas de maîtresse sous le bras  (j’espère que ma femme a de l’humour) … Le film commence et à ma grande surprise : C’est un petit chef d’œuvre !

Le film est simple certes, mais juste, … Il n’est ni trop vulgaire, ni trop soft, … Il ne se concentre pas (comme 99999% des films marocains) sur Casanegra, mais nous montre l’histoire d’une femme marocaine amazigh qui vit dans un village dans les montagnes de l’atlas et dont le mari travail à casa… Chaque mois, un colis de fournitures arrive avec le minimum nécessaire, et particulièrement, les médicaments ! denrée rare dans ses patelins reculés du royaume.

Mais le mari avait d’autres projets : il rêve d’acheter une voiture, il a donc économisé l’argent des médocs… Bref, de tempête en naufrage, sa femme (surprenante Touria Alaoui) se retrouve à Casablanca, avec comme seul personne qui va l’aider, une prostituée débordante d’humanité, magistralement jouée par Majdouline Idrissi.

 

Crédit photo : « Youm ou Lila »

 

Le film nous fait traverser plusieurs tableaux : du chauffeur de taxi romantique, au client handicapé fan de cinéma, à l’amateur de passe rapides à 2 balles devant les cinés, … Jusqu’à l’anniversaire hors de prix pour un chien dans les Sunrise-boulevards de la ville blanche.

Le film est une comédie, globalement, … Mais les scènes dramatiques n’en sont que plus intenses … Après, pour être franc, je suis certainement subjectif… Car les aventures de cette maman amazighe en quête de médicaments pour son enfant, m’a rappelé les récits de ma mère, qui a aussi vécu une période au bled dans l’attente des colis de fournitures de mon père.

Bref, un excellent film marocain (réalisé par Naoufel Berraoui) que je vous recommande et qui est présent sur Youtube en bonne qualité.

À la fin de la séance, quand les lumières ont chassé l’obscurité … J’ai découvert que j’étais le seul spectateur dans la salle… Ce film avait-il été diffusé, uniquement pour moi ?!

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